Article publié le 11 Janvier 2022 10:00:00
par Sophie MAXENCE

La ferme de Doudou, un sanctuaire pour les NAC

©La Ferme de Doudou

L’association située dans l’Hérault dispose d’un espace de deux hectares, spécialement aménagé pour répondre aux besoins des nouveaux animaux de compagnies (NAC) maltraités ou victimes d’abandons. Un lieu de transition et de réconfort, en attendant une adoption.

« Lorsque j’ai créé mon association, je voulais recueillir des poules pour les sauver des abattoirs, mais je ne sais pas pourquoi, des gens se sont mis à m’abandonner des cochons d’Inde. J’ai donc découvert ces petits animaux un peu par hasard et je me suis prise d’amour pour eux ». C’est ainsi que commence l’histoire de La Ferme de Doudou, créée en 2014 à Agde dans l’Hérault (34) par Andrée Chatelet. L’association s’est peu à peu spécialisée dans l‘accueil de nouveaux animaux de compagnie, des NAC, principalement des cochons d’Inde mais également des lapins et des furets.

« Je suis propriétaire de ma maison et d’un grand terrain de deux hectares, sans voisinage. J’ai donc mis cet endroit à la disposition de mes petits protégés » explique Andrée. Et hors de question pour cette dernière de placer les NAC dans des cages. Ils vivent en semi-liberté dans des enclos aménagés afin de leur créer des conditions de vie répondant à leurs besoins. 

Les NACS, des animaux mal connus

Les animaux comme les cochons d’Inde ou les lapins sont le plus souvent pas ou mal connus par leurs acquéreurs. Victimes d’achats compulsifs en animalerie, ils sont placés en cages, trop petites, et développent des troubles du comportement qui finissent par provoquer leur abandon. Beaucoup sont également délaissés car leurs propriétaires nourrissent des attentes erronées à leur égard.

« En animalerie, on présente les NAC comme des animaux très câlins, adaptés pour les enfants. Or ce n’est pas du tout le cas, souligne Andrée. Les cochons d’Inde par exemple, ont des comportements d’animaux de proies. C’est à dire qu’ils sont peureux et fuyants. Il ne faut pas s’attendre à avoir beaucoup d’interactions avec eux. Il en va de même pour les lapins qui n’aiment pas spécialement être portés et préfèrent rester tranquille. Les lapins peuvent en plus mordre et griffer s’ils n’ont pas les conditions de vie adéquates. Ils font partie des NAC les plus abandonnés. »

Le cas du furet est un peu différent comme l’explique la fondatrice de La Ferme de Doudou. « Il s’agit de carnivores, moins craintifs. On peut les caresser et avoir plus de contacts avec eux car ils auront tendance à se montrer curieux. Mais ils peuvent mordre, il vaut donc mieux éviter les contacts avec les jeunes enfants. »

Des conditions à respecter pour chaque espèce

A la Ferme de Doudou, tout a donc été pensé pour le bien-être des pensionnaires, soit 4 lapins, 11 furets, 210 cochons d’Inde, 1 chinchilla, 6 oies, 4 canards, 4 poules et 20 oiseaux. « Ça fait du monde mais chacun a beaucoup d’espace, les animaux ne sont donc pas les uns sur les autres, souligne Andrée, qui précise :  les cochons d’Inde, qui sont des animaux grégaires, vivent ensemble dans de vastes enclos. Les furets vivent bien sûr dans un enclos à part et disposent de 10 m2 pour 4. »

Malgré tous les bons soins prodigués par Andrée à ses animaux, certains ne trouvent pas leur place dans le sanctuaire. Ainsi, en 2022, La Ferme de Doudou n’accueillera plus de lapins. « Tous les lapins que nous prenons en charge sont castrés et vaccinés, mais cela ne les empêchent pas pour autant d’attraper la myxomatose et d’en mourir. Ici, dans le sud de la France, nous avons des insectes et des moustiques qui propagent cette maladie mortelle pour les lapins. Les conditions de vie en extérieur ne leur conviennent donc pas. »

Les cochons d'Inde du sanctuaire au pied du sapin de Noël ©La Ferme de Doudou

Outre les aménagements liés au cadre de vie, les animaux de la Ferme de Doudou bénéficient d’un suivi vétérinaire et d’une alimentation de qualité. Tout cela a un coût pour l’association qui dépense en moyenne 9000 euros par an de frais vétérinaires et près de 30 000 euros annuels pour la nourriture... « Ce qui coûte le plus cher ce sont les fruits et légumes, entre 150 et 200 euros par semaine, et les extrudés sous forme de granules permettant de prévenir les carences en vitamine C » détaille Andrée.

La Ferme de Doudou est soutenue par la Fondation 30 Millions d’Amis qui pourvoie aux besoins en foin. Andrée a également mis en place un système de parrainage sous la forme d’un abandonnement de 8 euros par mois, et les frais d’adoptions contribuent aux soins des animaux en attente d’un nouveau foyer. Ils s’élèvent à 50 euros pour les cochons d’Inde mâles et 70 euros pour les femelles, « tous sont stérilisés et avec un certificat de bonne santé délivré par le vétérinaire » précise Andrée.

Le budget fruits et légumes est l'un des plus gros postes de dépense pour l'association © La Ferme de Doudou

Le fléau des abandons en hausse pour les NAC

Les adoptions commencent toujours par un échange avec les personnes afin de s’assurer que les animaux auront des conditions de vie adéquates. Andrée explique ne pas transiger avec les règles strictes d’adoption afin d’assurer à ses protégés un maximum de bien-être, et de prévenir les abandons, fortement en hausse ces dernières année sous l’effet de la crise du Covid. La Ferme de Doudou a ainsi recueilli 139 animaux en 2020 et 99 en 2021. Par comparaison en 2019, avant l’épidémie, l’association avait recueilli 33 animaux.

En termes d'abandons, les NAC font partie des animaux ayant payé le plus lourd tribut ces dernières années. Selon la SPA, près de 850 NAC achetés en France, en animalerie ou sur Internet, ont été abandonnés en 2021. Ce qui représente une augmentation de 82% par rapport à 2019.

Néo fait partie des animaux proposés à l'adoption © La Ferme de Doudou

Pour autant, la régulation de la vente de NAC n’est toujours pas à l’ordre du jour. La loi contre la maltraitance animale, qui marque une grande avancée en prévoyant l’interdiction de vente en animalerie des chiens et des chats à partir de 2024, n’étend pas cette mesure aux nouveaux animaux de compagnie. Pour Andrée, cela s’explique en partie par un manque d’attention prêté à ces animaux : « J'ai participé à des sauvetages où des animaux comme des cochons d'Inde étaient détenus dans des conditions épouventables. Il faudrait que les grandes associations et fondations de protection animale communiquent plus sur le sort des nouveaux animaux de compagnie, notamment sur la maltraitance qu'ils subissent. Même si des structures comme la SPA et la Fondation 30 Millions d'Amis s'occupent des Nac » souligne la fondatrice de la Ferme de Doudou.  

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