Article publié le 03 Mars 2022 16:00:00
par Sophie MAXENCE

L’Hirondelle, Centre de soins pour animaux sauvages

Renardeau soigné et sauvé par le centre en 2021 © L'hirondelle 

 

A l’occasion de la journée mondiale de la vie sauvage qui a lieu chaque année le 3 mars, Solidarité-Peuple-Animal donne la parole à l’Hirondelle. Le centre de soins pour oiseaux et mammifères a besoin de soutiens pour faire face à une forte hausse d’activité. 

 

L’hirondelle recueille chaque année des milliers d’animaux sauvages, oiseaux et mammifères en détresse, dans le but de les soigner puis de les relâcher dans la nature. Le centre dispose de deux sites, le principal basé à Saint-Forgeux dans le Rhône (69) et un point relais à Dardilly dans la métropole lyonnaise, ce qui lui permet d’intervenir dans un large périmètre couvrant les départements du Rhône, de la Loire, de la Drôme et de lArdèche.

 

A la fin de l’année 2019, après un été catastrophique pour la faune sauvage soumise à un épisode de canicule au moment du pic de reproduction, l’Hirondelle a été submergée par les arrivées d’animaux et a décidé de fermer le centre afin de se restructurer et de trouver de nouvelles sources de financement. Le centre a rouvert en juin 2020 après le premier confinement et a battu des records de prises en charge en 2021 avec 6825 animaux soignés. A l’occasion de la Journée mondiale de la vie sauvage du 3 mars, Anne Fourier, chargée de développement à l’Hirondelle, présente le centre afin de mieux en comprendre les besoins et d’appeler toutes les personnes sensibles aux missions de l’association à soutenir ses équipes et leurs activités.

 

Anne Fourier, chargée de développement à l'Hirondelle - DR

 

Solidarité-Peuple-Animal : Quelles sont les principales missions de l’Hirondelle ?

Anne Fourier : Nous sommes un centre de soins. Un peu comme un hôpital pour la faune sauvage, nous prenons en charge des animaux blessés avant de les relâcher dans leur milieu naturel. Nous faisons également beaucoup de suivi et de veille sanitaire. Dès que nous constatons des signes de maladie, comme la grippe aviaire, la rage ou le botulisme, nous alertons les autorités. Nous jouons aussi un rôle de sensibilisation auprès du grand public : nous recevons entre 15 000 et 20 000 appels de particuliers par an, à travers lesquels nous apportons des conseils et des informations.

 

Solidarité-Peuple-Animal : Quels animaux soignez-vous le plus souvent ?

Anne Fourier : En oiseaux, nous récupérons énormément de martinets noirs, environ un millier par an avec un pic pendant l’été lorsqu’ils souffrent de la chaleur. Nous prenons également en charge beaucoup de pigeons en provenance des villes, surtout celle de Lyon. Du côté des mammifères, le hérisson arrive en tête. Nous en avons recueilli près de 800 en 2020. Après, nous soignons aussi beaucoup de chauves-souris et d’écureuils. En 2021 nous avons également récupéré 77 chevreuils ce qui est énorme pour nous.

 

Pour soutenir l'Hirondelle, vous pouvez contacter l'association en cliquant ici 

 

 

Solidarité-Peuple-Animal : Quelles sont les principales causes d’arrivées de ces animaux ?

Anne Fourier : Pour près de la moitié des animaux que nous prenons en charge, nous ne pouvons pas déterminer avec certitude une cause d’arrivée. Pour les autres, les raisons varient selon les espèces. Par exemple les martinets nous sont généralement apportés par des personnes qui les ont trouvés au sol suite à une chute de nid. Les prédations subies par la petite faune sauvage par d’autres animaux comme des chiens ou des chats, sont également nombreuses. Par ailleurs le « dénichage actif », quand des personnes élaguent leurs arbres ou rénovent leur grange, fait beaucoup de dégâts. Au-delà de ces causes principales, nous recueillons également des animaux malades, victimes d’accidents de la route, d’événements climatiques ou bien encore de pièges (fil barbelé, filets…).

 

©L'Hirondelle 

 

 

Solidarité-Peuple-Animal : Quelles sont les périodes les plus intenses pour le centre ?

Anne Fourier : La période de reproduction des animaux. Avec les mammifères, cela commence très tôt dans l’année. Dès mars nous récupérons les premier levreaux et lapereaux. Les mois les plus intenses sont ensuite ceux de juin et juillet, pendant lesquels nous récupérons entre 1200 et 1400 animaux par mois. C’est colossal.

 

Solidarité-Peuple-Animal : En 2021 vous avez battu des records de prise en charge d’animaux. Comment peut-on l’expliquer selon-vous ? 

Anne Fourier : Il y a plusieurs raisons à cela selon moi, à commencer par le dérèglement climatique qui a un impact réel sur les animaux, qu’il s’agisse des canicules, des tempêtes de vent, des épisodes de grêle, des inondations ou des vagues de froid. Par ailleurs on observe une augmentation des maladies, probablement liée au dérèglement climatique. De plus, l’évolution des mentalités dans une société de plus en plus sensible à la protection animale a aussi un effet. Il y a 10 ans, on ne sarrêtait pas facilement sur un trottoir face à un pigeon blessé. Enfin, la meilleure visibilité de lHirondelle explique aussi l’augmentation des prises en charge. Depuis trois ans environs, nous avons plus communiqué sur nos actions, tout simplement car nous avons besoin de trouver des fonds face à cette surcharge d’activité.

Faon recueilli par l'équipe de l'Hirondelle en 2020 © L'Hirondelle

 

 

Solidarité-Peuple-Animal : Combien de personnes travaillent à l’Hirondelle ?

Anne Fourier : L’hiver nous sommes environ 10 salariés et l’été nous doublons nos effectifs. Pour épauler cette équipe, nous recrutons des services civiques et des stagiaires sans oublier de nombreux bénévoles. Au plus fort de notre activité, le centre compte 40 personnes par jour.

 

Solidarité-Peuple-Animal : Quels profils de bénévoles recherchez-vous ?

Anne Fourier : On ne recrute pas pour les compétences mais pour la motivation. Nous ne cherchons pas spécialement des personnes déjà formées à la prise en charge de la faune sauvage. Ce que nous souhaitons avant tout ce sont des personnes prêtes à s’investir et à tenir leur engagement car nous avons besoin de pouvoir compter sur les équipes constituées. Nous avons surtout besoin de bénévoles l’été, sur des périodes d’au moins trois semaines à 1 mois car cela demande du temps de formation pour acquérir les bons gestes et devenir autonome.

 

L'Hirondelle recrute des services civiques sur son site de Saint-Forgeux dans le Rhône © L'Hirondelle

 

Solidarité-Peuple-Animal : Pourriez-vous nous donner des exemples concrets de missions pour les bénévoles ?  

Anne Fourier : Les bénévoles peuvent par exemple travailler au pôle nurserie. C’est là que les oisillons arrivent et que nous les nourrissons tous les quarts dheures ou toutes les demi-heures selon leur âge et leur état. C’est un travail très régulier qui nest pas compliqué à faire mais il faut être vigilant et observateur pour repérer un petit qui va mal. Pour cela les bénévoles sont toujours encadrés par un salarié. Nous recherchons aussi des personnes pour nous aider au pôle des martinets. Quand les petits tombent du nid il faut les élever jusqu’à ce qu’ils soient en âge de repartir. Nous recherchons aussi des bénévoles récupérateurs sur toute notre zone d’intervention pour nous aider à acheminer les animaux blessés lorsque les particuliers ne peuvent pas se déplacer.

 

Une jeune hirondelle de fenêtre en pleine becquée © L'Hirondelle

 

Solidarité-Peuple-Animal : L’Hirondelle a également un centre à Dardilly 

Anne Fourier : Oui, nous avons un point relais, tout près de Lyon et accessible en bus. C’est un centre d’urgence qui permet d’effectuer les premiers soins sur de nombreux animaux en provenance de Lyon, de la Drome et de l’Ardèche. Là aussi nous pouvons avoir besoin de bénévoles pour les animaux mais également pour l’accueil du public et un travail de sensibilisation.

 

Solidarité-Peuple-Animal : Quelles sont vos perspectives pour cette année ?

Anne Fourier : 2021 était une année qui était climatiquement calme et pourtant nous avons battu nos records de prises en charge. Nous sommes donc inquiets pour 2022 car notre activité est très imprévisible. Si des événements météorologiques surviennent, comme des canicules, nous savons que les arrivées d’animaux vont encore augmenter.  On ne sait pas quelle ampleur cela va prendre pour cet été et nous devons donc être prêts avec nos équipes de soigneurs et de bénévoles. Nous avons également besoin de trouver des fonds, c’est pourquoi nous avons lancé une campagne de collecte de dons.

 

Pour soutenir l'Hirondelle, vous pouvez contacter l'association en cliquant ici