Article publié le 30 Septembre 2023 09:00:00
par Sophie MAXENCE

La SPA alerte sur une baisse critique des adoptions

Nouvelle campagne de la SPA de promotion des adoptions responsables, à l'occasion de ses journées portes ouvertes d'octobre - DR

 

Face à l’engorgement des refuges, Jacques-Charles Fombonne, président de la SPA, espère une prise de conscience générale sur la nécessité des adoptions responsables.

La SPA lance une nouvelle campagne pour ses journées portes ouvertes, qui auront lieu le samedi 7 et le dimanche 8 octobre. L’enjeu est de taille pour les refuges, remplis par les animaux abandonnés de l’été et toujours en attente d’un nouveau foyer. Alors que les adoptions ont baissé de 5,2 % entre le 1er mai et le 31 août 2023, Jacques-Charles Fombonne, président de la SPA, espère une inversion de la tendance et un regain d’intérêt des Français pour les animaux, toujours dans le cadre d’adoptions responsables et durables.

Solidarité-Peuple-Animal : Quel bilan tirer de cet été 2023 alors que les refuges de la SPA ont accueilli
16 498 animaux entre le 1er mai et le 31 août ?
Jacques-Charles Fombonne
 : C’est pratiquement le même chiffre que l’an dernier, qui était déjà très élevé. Le nouveau paramètre de cette année, très inquiétant, est que nous avons à l’échelle nationale 5,4 % d’adoption en moins par rapport à 2022.

Solipa : Ce qui pose un problème de saturation des refuges ?
J.C.F :
Si on accueille des animaux d’un côté mais qu’on ne peut pas les faire adopter de l’autre, forcément, on a un engorgement de nos refuges. Malheureusement, cette baisse des adoptions dure depuis le début de l’année 2023. Nous avons donc commencé l’été, qui est toujours une période où nous avons davantage d’animaux, avec des refuges quasiment pleins.

Solipa : Cette situation est-elle inédite ?
J.C.F :
On a eu cette année jusqu’à près de 10 000 animaux en charge, chiffre qui n’avait jamais été atteint depuis de nombreuses années. Certains ont été placés dans des familles d’accueil le temps qu’on ait de la place dans nos refuges.

« Il faut briser un tabou : un animal coûte de l’argent »

Solipa : Comment expliquer cette baisse des adoptions ?
J.C.F
 : La seule piste que l’on ait est celle de l’inflation. Ce qui est à la fois dramatique, pour l’engorgement des refuges, et positif dans le sens où cela signifie que les gens réfléchissent avant d’acquérir un animal. Il faut briser un tabou : un animal coûte de l’argent, en moyenne 100 euros par mois pour les frais vétérinaires et la nourriture. Ce peut être plus lorsque l’animal vieillit ou devient malade. Il faut avoir les moyens de s’en occuper et c’est un point sur lequel nous insistons à chaque adoption, pour éviter que les gens nous ramènent l’animal deux mois après, parce qu’ils « n’y arrivent pas ».

Solipa : Dans cette situation d’engorgement, jusqu’où les refuges pourront-ils tenir ?
J.C.F
 : On pousse les murs, on met davantage d’animaux dans les box quand on a des compatibilités entre les différents sujets… Et puis on organise deux fois par an des journées portes ouvertes. Les prochaines auront lieu le 7 et 8 octobre. On compte beaucoup sur cet événement. On espère réaliser un millier d’adoptions et attirer l’attention de gens qui n’avaient pas forcément l’idée de venir chez nous pour acquérir un animal.

Solipa : Avez-vous des craintes pour les mois à venir ?
J.C.F
 : Oui, si c’est véritablement l’inflation la cause principale de la baisse des adoptions, ça ne va faire qu’empirer.

Solipa : Quelles seraient les actions à mettre en œuvre pour répondre à cette crise ?
J.C.F
 : Il faut que les gens réfléchissent avant de prendre des animaux, qu’ils soient responsables pour réduire les abandons. On mise beaucoup sur l’éducation en sollicitant les jeunes de façons à ce qu’ils réfléchissent à ce qu’est un animal, à l’engagement que cela représente d’en choisir un.  

Solipa : Les équipes de la SPA sont également en lutte contre le fléau de la maltraitance. Est-ce un phénomène qui empire ?
J.C.F
 : Nous avons effectivement une hausse considérable de nos signalements, mais nous avons changé notre système qui est devenu entièrement informatisé. Il est désormais infiniment plus pratique, plus fluide, plus facile de nous signaler un cas. Il est donc difficile de dire s’il y a plus de cas de maltraitance. Ils sont en tout cas plus visibles et cela reste un phénomène important.

Solipa : Quels sont les cas les plus courants ?
J.C.F
 : La plupart des maltraitances sont des maltraitances par ignorance, plus que par sadisme ou volonté de faire mal sur l’animal. C’est souvent lié à un manque d’éducation ou à de la misère sociale. Une personne prend un chien parce qu’il va être la seule bonne chose à ses côtés au quotidien. Et puis elle ne sait pas s’en occuper, elle n’a pas le temps de l’éduquer et l’animal finit sur le balcon de l’appartement. C’est la spirale infernale.

Solipa : Y a-t-il selon vous un lien entre misère sociale et misère animale ?
J.C.F
 : Oui, forcément. Quand n’a pas beaucoup de sous, c’est l’animal qui en pâtit le premier. Dans le contexte actuel de crise économique, on peut se faire du souci.