Article publié le 16 Février 2022 10:00:00
par Sophie MAXENCE

Zoom sur les familles d’accueil : les associations ont d'importants besoins

Pour permettre à un animal en difficulté d’être en sécurité en attendant une adoption, de nombreuses associations comptent sur des familles d’accueil, souvent trop peu nombreuses…

Bon nombre d’associations de protection animale ne disposent pas d’infrastructures permettant l’installation d’un refuge. Elles font donc appel à des bénévoles pour recueillir les animaux pris en charge en attendant leur adoption. Il s’agit des familles d’accueil. Sans elles, le fonctionnement de ces associations serait tout simplement impossible comme le souligne Liliane Broussard, fondatrice du Gang des Matous dans le Gers (32). Peggy Morliere, présidente d’Adopt Forever dans le Pas-de-Calais (62), abonde dans ce sens et rappelle que les familles d’accueil sont aussi fondamentales pour réaliser des adoptions réussies : « Grâce à leurs observations, nous pouvons dresser le profil de l’animal et trouver l’adoptant le plus adéquat. »

Les besoins en familles d’accueil se font particulièrement sentir dans le contexte de la crise sanitaire et de recrudescence des abandons. Il y a également un phénomène classique de turn over qui amène les associations a sans cesse renouveler ou étoffer leur réseau de famille d’accueil, comme l’explique Liliane Broussard : « nous avons des étudiants qui doivent changer de ville pour poursuivre leur cursus ou commencer un premier travail, des personnes qui déménagent dans un nouveau logement ne leur permettant plus d’accueillir un animal, ou bien encore des propriétaires d’un autre animal, tombé malade, ce qui entraîne des risques de contamination. »

La recherche de nouvelles familles d’accueil est ainsi une activité constante. Peggy Morlière d’Adopt Forever, qui a posté une annonce à ce sujet sur Solidarité-Peuple-Animal en décembre 2021, témoigne : « Nous sommes actuellement toujours à la recherche de familles d’accueil. Depuis la fin de l’année dernière nous en avons recrutées quelques-unes mais certaines se sont défilées au moment où nous voulions leur confier un chat issu d’un sauvetage. C’est une situation très compliquée à gérer lors de SOS. Nous avons également été confrontées à des personnes qui souhaitaient être famille d’accueil mais uniquement pour certaines races de chien en espérant être prioritaires pour une adoption par la suite. Là non plus ce n’est possible pour nous, car nous ne choisissons pas les animaux que nous sauvons. »

« Du temps, de la patience et de la place »

Peggy Morlière regrette ainsi les propositions faites « sur un coup de tête » ou émanant de personnes n’ayant pas mesuré toute l’importance des familles d’accueil. Mieux vaut donc être bien informé avant de se lancer. « Être famille d’accueil, c’est accepter de prendre un animal qui n’est pas parfait » commente ainsi la bénévole. Liliane Broussard du Gang des matous ne dit pas autre chose, en mentionnant les « chats malades, agressifs ou craintifs » susceptibles d’être accueillis. La décision de devenir famille d’accueil doit être bien réfléchie. D’autant que lorsqu’on « récupère un animal, on peut l’avoir pour 10 jours comme pour 6 mois voire plus, il faut donc être prêt à s’engager pour une longue période, comme le précise Liliane Broussard. Par ailleurs, c’est également l’ensemble du foyer qui est concerné. Au Gang des Matous, nous demandons par exemple que tous les humains soient vaccinés contre le tétanos, et si d’autres animaux sont présents, ils doivent avoir leurs vaccins à jour pour éviter tout transfert de maladie. Le logement doit également se prêter à l’accueil d’un nouvel animal, notamment avec une pièce fermée pour réaliser une période de quarantaine ou pour permettre au chat de s’habituer progressivement à son nouvel environnement. Enfin, nous souhaitons que les familles d’accueil aient du temps à consacrer à l’animal et qu’elles nous tiennent au courant de ses évolutions. » En bref, être famille d’accueil demande du temps, de la patience, un peu de place et beaucoup d’amour ! 

 

« Pour moi, c’est un peu comme une grande famille »

Face à l’investissement que cela représente, il peut être difficile de se séparer de l’animal le moment venu. La famille d’accueil peut elle-même adopter l’animal, et si cela n’est pas possible, il faut garder en tête que d’autres animaux attendent à leur tour d’être sauvés. « Je suis moi-même famille d’accueil et c’est tout le temps dur quand un animal part, confie Peggy Morlière. C’est humain. Mais quand on voit nos petits protégés dans leur nouvelle famille, la tristesse s’envole. » Liliane Broussard défend également le droit d’essayer : « Si des gens sérieux et correctes veulent tester une fois l’expérience de la famille d’accueil, sans pouvoir s’engager à plus, c’est bien aussi. Une aide ponctuelle permettra toujours de sauver un animal. »

Au-delà de la dimension affective, il peut également y avoir des freins concernant les différentes dépenses à engager pour un animal. Il faut savoir que la plupart du temps, les associations soutiennent financièrement leurs familles d’accueil. « Le Gang des Matous prend en charge l’intégralité des frais, de la nourriture en passant par les visites vétérinaires, la litière ou bien encore les jouets » détaille ainsi Liliane Broussard.

En outre, nul besoin d’être un véritable expert des animaux pour devenir famille d’accueil. Les associations sérieuses confient leurs protégés en fonction des demandes, des expériences et des possibilités de chacun. « On ne mettra jamais en danger notre famille d’accueil, certifie ainsi Peggy Morlière. Nous faisons par exemple attention à la cohabitation avec d’autres animaux déjà présents dans le foyer, qui peut s’avérer délicate. Nous sommes également présents pour accompagner les familles d’accueil et répondre à leurs questions. Et si vraiment une personne se trouve face à une difficulté, nous essayons de placer l’animal dans un autre foyer. Au fil du temps et des échanges, nous créons un lien avec nos familles d’accueil, certaines sont même devenues des amies. Pour moi, c’est un peu comme une grande famille » ajoute la responsable d’Adopt Forever.

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Il y a aussi « plein d’autres façons d’aider » les associations

Malgré les besoins, il peut arriver que des associations déclinent les propositions de nouveaux candidats. « On ne sélectionne pas selon la personne mais selon le logement, son style de vie, précise Peggy Morlière. Mais pour les personnes motivées, il faut savoir qu’il y a plein d’autres façons de nous aider. Nous sommes notamment à la recherche de bénévoles pour devenir responsable collecte ou communication. » Il en va de même pour le Gang des Matous : « nous recherchons des bénévoles au-delà des familles d’accueil, notamment pour les collectes ou pour nous aider dans les tâches administratives, détaille Liliane Broussard. Il nous faut aussi des nourrisseurs pour nos chats libres. Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues ! »

 

L’association Adopt Forever recherche des familles d’accueil basées dans le Gers (32), et l’association Le Gang des Matous recherche des familles d’accueil situées dans les départements du Nord (59) et du Pas-de-Calais (62).